Dans toute épreuve de compétition, il arrive de trouver des mauvais perdants. Ne sachant pas rester maîtres de leurs émotions, ne voulant pas se retirer avec dignité, ces mauvais perdants doublent leur peine, puisqu’en plus de perdre au jeu, ils se comportent en véritables losers.
En tant que jeu où l’aspect compétitif peut être particulièrement prononcé, le poker n’échappe pas à la règle. D’autant plus que la marge entre part de talent et la part de chance qui sépare le gagnant du perdant peut être infime.
Afin de mieux les repérer, nous vous proposons un florilège des parades classiques du mauvais perdant et l’explication de leurs excuses les plus classiques.
Tantôt versant dans le tragique, tantôt dans la colère, les phrases de mauvais perdants au poker se déclinent sur tous les accents mais reviennent toujours sur certains leitmotivs.
Les cartes sont mal mélangées
“Je me plaindrais que les cartes sont mal mélangées…jusqu’à ce que j’obtienne une bonne main“
– Jonathan Swift, auteur des “Voyages de Gulliver”
Ce que l’auteur du siècle des lumière anglais illustre ici est le paradoxe de tout joueur de cartes, et plus particulièrement de poker. Celui-ci peut-être décrit comme un refus du hasard. Impartiale, aléatoire, la chance est tantôt la meilleure amie tantôt le pire ennemi du joueur. La frustration du mauvais perdant modifie sa perception de la chance comme tendancieuse et injuste, une colère qui se dirige souvent sur ses cartes.
“Sont elles bien mélangées ?” ou, superstitieux, “les cartes ne m’aiment pas se soir”, ou franchement virulent, invectivant le dealer, toutes ces réactions correspondent au sentiment d’avoir tellement eu la chance contre soi qu’il doit y avoir une explication – concrète ou abstraite – mais ressentie en tout les cas comme une attaque contre la personne du mauvais perdant.
Le poker en ligne est truqué
“Le poker en ligne est truqué“
– tout joueur de poker virtuel ayant perdu sur un “two outer”
S’il peut suffire pour apaiser les tension dans un “live game” – une partie entre personnes physiques – de mélanger, voir de changer, le tas de cartes, lors de parties en ligne ces recours n’existent pas. Ne pouvant jamais vérifier par lui-même les cartes de jeu et les manipulations du dealer, le délire paranoïaque du mauvais perdant ne peut être enlisé.
Légèrement technophobe, voire victime d’un complot, sa théorie paraît renforcée à chaque tour et il n’accuse plus la chance d’être injuste, il lui reproche d’avoir été remplacée entièrement par une machination destinée à le faire perdre. Les commentaires prennent ici encore des accents très divers – soit scandalisés, soit virant dans le complotisme – mais abondent sur les forums dédiés aux rooms de poker en ligne.
L’adversaire joue mal
“S’il n’y avait pas de hasard dans le poker, je gagnerais à tous les coups“
– Phil Hellmuth, Champion des Poker World Series 1989
L’autre exutoire où le mauvais perdant peut déverser sa frustration est bien entendu son adversaire. Dire que celui-ci ne joue pas les cotes, ou plus simplement qu’il ne sait pas jouer, revient à s’approprie la part de talent qui explique sa réussite, et attribue la part de chance à son adversaire expliquant du même coup la réussite de celui-ci ainsi que sa propre défaite.
Les phrases comme : “Quoi, tu joues tes cartes x et y alors que tu as n% de réussir et tu oses me battre alors que mes chances était supérieures ?” dénoncent l’incohérence du jeu de celui qui ne joue pas correctement, mais tombent elles-mêmes dans l’incohérence. En effet, ce genre de raisonnement exclut la part de hasard de ses propres calculs, et exclu toute logique rationnelle dans le jeu de son adversaire. Surtout, elle arrive à la conclusion circulaire et tautologique qui revient à dire “si je jouais contre moi-même, je gagnerais à chaque fois.”
Les bad beats
“Les bad beats n’arrivent qu’aux bons joueurs“
– Joe Crow, joueur de poker et écrivain
Dernier refuge pour le mauvais perdant, la phrase “bad beat” décrivant le cas de figure où le joueur ayant la main la plus forte est battu par une main inférieure ayant profité de plusieurs cartes favorables. La phrase elle-même est paradoxale, puisque ce scénario est fréquent au poker. Rien d’étonnant car cette catégorie de bad beat inclut tous les symptômes du mauvais perdant listés précédemment. C’est tout à la fois les cartes et l’adversaire qui sont remis en cause – elles pour être apparues dans cet ordre et lui pour avoir jouer une main perçue comme faible.
Mélange de syndrome du “hasard contre soi” et de celui du “toute stratégie autre que la mienne est irrationnelle”, le bad beat correspond surtout à une volonté d’exclure le hasard au profit du jeu des probabilités. C’est un rejet de l’épreuve du réel qu’est le retournement des cartes et une volonté de rester dans l’univers imaginé des calculs rationnels qui dominent lorsque les cartes ne sont pas abattues. En un sens, c’est la confusion entre probable et possible – l’une catégorie étant imaginée mais perçue comme réelle, l’autre étant réelle mais perçue comme uniquement imaginaire, voire inimaginable.
En tant que spécialiste en la matière, Phil “Poker Brat” Hellmuth expose toutes ses attitudes, avec divers degrés d’énervement et de découragement et pour le plus grand bonheur des spectateurs.
La variance
Le terme de variance au poker désigne le différentiel entre la courbe des gains théorique et la courbe des gains réels, c’est-à-dire les gains que vous auriez dû remporter et ceux que vous avez finalement remporté à l’issue de chaque main. Le poker étant un jeu avec une part de chance, les deux ne sont jamais exactement identiques. En effet, sur une main la chance peut faire perdre un pot important sur lequel le joueur à miser avec quasi-certitude.
Cependant, le poker étant aussi un jeu d’habileté, l’expérience reproduite suffisamment de fois aura un résultat favorable. Avec la variance tout est question de durée : sur le long terme, la part d’habileté dépassera la part de hasard. C’est ainsi que pour un champion, bien qu’il perde même une somme importante sur une seule main, en fin de partie son talent aura compensé ces effets de hasard. Ainsi, si la courbe de gains réels peut varier en fonction des aléas de la partie, si celle ci vient à ce prolonger, elle approchera la courbe des gains théoriques.
Si le mauvais perdant s’insurge contre les cartes et son adversaire, c’est avant tout part ce qu’il ressent les effets de cette variance et que la courbe de ses gains réels tombe nettement en dessous de ses gains théoriques. Il a donc raison, dans une certaine mesure, de se lamenter des cartes et des coups irrationnels de ses adversaires misant sans compter grâce à quelque code avantage obtenu chez Everest qui leur a accordé une promotion, dans la mesure où il remarque une anomalie statistique. Ce qui différencie ici le bon joueur du mauvais perdant, c’est l’épreuve de la longue durée.
Pour le bon joueur, son talent lui permettra de remonter la pente et d’aligner gains théoriques et gains réels sur le long terme. Ainsi, si la variance peut-être un outil important pour tout joueur voulant améliorer son jeu, il peut l’être également pour les mauvais perdants en leur offrant la réponse concrète à leur déboires de joueurs.
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