L’US Open 2022 s’est achevé ce week-end avec les titres de Carlos Alcaraz chez les hommes et d’Iga Swiatek du côté des femmes. Il est désormais temps de baisser le rideau sur la quinzaine new-yorkaise avec les moments forts de ces deux dernières semaines.
♥ ON A AIMÉ
LA RENAISSANCE DE CAROLINE GARCIA
Le bel été de Caroline Garcia s’est poursuivi sur les courts de Flushing Meadows. Après une première partie de saison décevante, la Lyonnaise s’est réveillée en juin, où elle pointait au 79ème rang mondial. Depuis, Garcia a remporté 3 tournois (Bod Hambourg, Varsovie, Cincinnati) et s’avançait en confiance après avoir remporté le Masters 1000 américain après être sortie des qualifications, devenant la première joueuse de l’ère Open à gagner un tournoi de cette catégorie dans de telles circonstances. Sur son chemin, elle a ainsi battu Petra Martic, Maria Sakkari, Elise Mertens, Jessica Pegula, Aryna Sabalenka et Petra Kvitova pour soulever son tournoi le plus prestigieux depuis 2017.
Ce beau parcours lui a ainsi permis de devenir tête de série à l’US Open, ce qui paraissait impossible à envisager deux mois auparavant. Avec le costume de favorite sur le dos (en compagnie de Swiatek et Gauff), la Française réalise un début de tournoi parfait, ne concédant aucun set pour arriver en demi-finales et ainsi battre Kamilla Rakhimova (6/2, 6/4), Anna Kalinskaya (6/3, 6/1), Bianca Andreescu (6/3, 6/2), Alison Riske (6/4, 6/1) et Coco Gauff (6/3, 6/4). Pour sa première demi-finale en Majeur, l’enjeu a finalement pris le dessus et elle n’a rien pu faire face à Ons Jabeur. Pour se consoler, Caroline Garcia pourra se dire qu’elle effectuera dès ce lundi un retour fracassant dans le top 10, une première pour elle depuis octobre 2018. De quoi laisser présager des lendemains porteurs d’espoirs pour la joueuse tricolore.
DES NIGHT-SESSIONS ENDIABLÉES
Si l’US Open nous a permis de passer des bons moments avec des rencontres de folie, les programmes en soirée ont encore plus fait monter le niveau des matchs qui ont souvent mené à de rudes combats terminés très tard dans la nuit (ou vraiment très tôt pour les insomniaques). La quinzaine restera dans les livres d’histoire du tennis et pour plusieurs raisons, la plus évidente étant le probable adieu de Serena Williams au tennis. Quelques jours avant le début du tournoi, la reine Serena, victorieuse de 23 Majeurs, avait annoncé que l’US Open 2022 serait très certainement son dernier tournoi. Après deux premiers tours passés en night-session sur un Artur Ashe en ébullition face à Kovinic puis Kontaveit, la marche fut trop haute pour Serena Williams qui s’incline face à Ajla Tomljanovic, future quart de finaliste du tournoi, après un dernier combat en trois sets.
D’autre part, des rencontres se sont éternisées jusque tard dans la nuit de New-York, ce qui correspond avec le décalage horaire à des heures matinales pour la France. A titre d’exemple, le match exceptionnel entre les deux prodiges du tennis mondial Carlos Alcaraz et Jannik Sinner en quarts de finale s’est achevé à 2h50 du matin à New-York, soit 8h50 à Paris ! Et oui, pendant que vous dormiez paisiblement, ces deux-là se sont rendus coup pour coup. Alcaraz a d’ailleurs enchaîné 3 marathons de cinq manches en pleine nuit face à Marin Cilic en huitièmes (6/4, 3/6, 6/4, 4/6, 6/3), Jannik Sinner donc en sauvant une balle de match en quarts (6/3, 6/7, 6/7, 7/5, 6/3) et Frances Tiafoe en demies (6/7, 6/3, 6/1, 6/7, 6/3). Tout ça avant de dominer Casper Ruud en finale (6/4, 2/6, 7/6, 6/3) et devenir le plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire avec des rencontres inoubliables. Tout simplement prodigieux.
LA BELLE HISTOIRE DE FRANCES TIAFOE
L’Américain est un habitué des Grands Chelems et n’est plus la petite pépite qui doit confirmer tout le bien que l’on pense de lui. Frances Tiafoe est un joueur bien installé dans le top 50 du classement ATP depuis quelques temps désormais (sans discontinuer depuis septembre 2021) et il est un joueur très régulier, capable d’embêter les meilleurs joueurs de la planète. Malgré cela, nous ne le connaissons pas si bien que cela finalement. L’émotion fut intense en huitièmes de finale après sa victoire face à Rafael Nadal en quatre sets (6/4, 4/6, 6/4, 6/3) et c’est sans doute à ce moment-là que Tiafoe, tête de série 22 au cours de ce tournoi, a gagné le cœur des fans de New-York.
Interrogé en conférence de presse sur ses premiers pas avec le tennis et son enfance, le joueur de 24 ans a expliqué qu’il était fils de parents immigrés originaires de Sierra Leone et qu’il gardait un profond attachement pour ce pays. Joueur apprécié sur le circuit, Frances Tiafoe a su surfer sur la vague après sa victoire face à Nadal et a ensuite atteint les demi-finales en sortant Rublev, devenant ainsi le premier joueur afro-américain à atteindre le dernier carré à l’US Open depuis Arthur Ashe, soit plusieurs décennies plus tard. En demi-finales, il sort encore un très gros match face à Carlos Alcaraz mais finit par céder, trop court physiquement dans la dernière manche. A la fin du match, l’émotion l’a alors envahi et au bord des larmes, il s’est excusé auprès des spectateurs pour ne pas avoir réussi à atteindre la finale. Le peuple américain devra encore attendre avant de trouver un successeur à Andy Roddick, dernier local à avoir soulevé le trophée de l’US Open en 2003.
💔 ON N’A PAS AIMÉ
LA POLÉMIQUE ENTRE AZARENKA ET KOSTYUK
Toutes deux qualifiées pour le deuxième tour, la joueuse bélarusse Victoria Azarenka et son homologue ukrainienne Marta Kostyuk se sont affrontées pour une place au troisième tour. Ce qui n’a pas ravi cette dernière, très affectée par la guerre qui touche son pays depuis le mois de février et qui milite depuis quelques temps pour que les athlètes russes et biélorusses soient exclus des compétitions sportives, notamment au tennis. C’est ce qui s’est produit à Wimbledon, ce qui a dû la réjouir. Néanmoins, l’US Open, qui comme tous les Grands Chelems peut imposer ses propres règles puisque ces derniers ne dépendent pas de l’ATP, a décidé d’autoriser tout le monde à participer à la quinzaine américaine.
Le contexte qui entourait ce match était donc très tendu et la poignée de main fut, comme on pouvait l’imaginer, assez glaciale, puisque Kostyuk, qui venait de s’incliner assez sèchement sur le score de 6/2 6/3, a simplement tendu sa raquette en direction d’Azarenka avant de quitter rapidement le court et de disparaitre. En conférence de presse, les deux joueuses ont pu exprimer leur point de vue. Kostyuk a indiqué qu’elle avait averti Azarenka par SMS qu’elle ne comptait par serrer la main de cette dernière. La Biélorusse, qui a gagné 2 fois l’Open d’Australie en 2012 et 2013, s’est défendue en disant qu’elle avait déjà pris position en faveur de la paix et qu’elle avait exprimé son soutien au peuple ukrainien.
LE CLASH ENTRE THOMPSON ET GALAN
Deuxième tour inattendu entre Jordan Thompson et Daniel Galan. Inattendu car le Colombien, âgé de 26 ans et qui n’a encore jamais atteint les huitièmes en Grand Chelem, s’était imposé au premier tour à la surprise générale face à l’un des outsiders crédibles de ce tournoi, Stefanos Tsitsipas, qui venait d’atteindre la finale au Masters 1000 de Cincinnati. Ce devait donc être une rencontre banale entre ces deux joueurs qui avaient là une occasion en or d’atteindre le troisième tour où le vainqueur affronterait Alejandro Davidovich Fokina, finaliste à Monte-Carlo en début de saison. Et à ce petit jeu, c’est Galan qui s’en est sorti sur le score de 6/3, 2/6, 3/6, 6/4, 6/3.
Rien d’anormal jusqu’ici nous direz-vous. Sauf qu’au cours de cette belle empoignade, les deux joueurs se sont mis à se hurler dessus alors que Galan s’apprêtait à servir en plein milieu de la partie, dans le quatrième set très précisément. Très remontés l’un contre l’autre, ils se sont rapprochés du filet pour tenter de s’expliquer, avant que le calme ne revienne très rapidement puisque l’arbitre de chaise n’a pas eu à intervenir. Difficile de savoir ce qu’il s’est réellement passé, mais le match est malgré tout allé à son terme. Les circonstances de ce clash sont encore floues, et il est impossible de savoir ce que les deux joueurs se reprochaient.
LE MANQUE DE REGULARITÉ DE CERTAINES TÊTES D’AFFICHE
Dans le tableau masculin tout d’abord, de nombreux joueurs pourtant têtes de série ont été incapables de tenir leur rang jusqu’à la deuxième semaine. Au premier tour, Stefanos Tsitsipas, Taylor Fritz, Roberto Bautista-Agut, Francisco Cerundolo, Nikoloz Basilashvili et Maxime Cressy ont été éliminés, et au deuxième tour, c’était au tour de Félix Auger-Aliassime, Hubert Hurkacz, Grigor Dimitrov et Borna Coric de quitter prématurément le tournoi. Si l’on ajoute à cela le forfait de John Isner avant son deuxième match, cela fait beaucoup dans un tournoi déjà privé de Novak Djokovic et Alexander Zverev, absents pour diverses raisons à New-York. Cela a profité à d’autres joueurs qui ont su tirer leur épingle du jeu pour aller loin dans le tournoi, notamment Carlos Alcaraz, plus jeune numéro 1 de l’histoire du tennis, et Casper Ruud, finaliste en Grand Chelem pour la deuxième fois cette saison. Quant à Frances Tiafoe et Karen Khachanov, ils ont disputé chacun leur première demi-finale en Majeur.
Ce constat peut également être dressé dans le tableau féminin, où l’on note dès le premier tour les défaites de Simona Halep, Daria Kasatkina, Emma Raducanu, Jelena Ostapenko, Amanda Anisimova, Elise Mertens, Elena Rybakina, Jil Teichmann, Martina Trevisan et au deuxième tour de Paula Badosa, Maria Sakkari, Leylah Fernandez, Barbora Krejcikova, Ekaterina Alexandrova ou encore Anett Kontaveit même si cette dernière s’est inclinée face à Serena Williams. Au final, le tableau des demi-finales était quand même très compétitif avec une affiche entre Swiatek et Sabalenka ainsi qu’un affrontement entre Jabeur et Garcia. Malgré tout, trop de joueuses classées dans le top 30 quittent les tournois avant même la deuxième semaine, ce qui rebat les cartes beaucoup trop rapidement bien que la quinzaine ait malgré tout été de bonne qualité.